24 heures à Bini Dang
J’aurai pu découvrir ce lieu en juillet 2009 avec les Camerounettes, ou en mars 2010 avec les élèves du lycée ... C’est étrange comme parfois les choses se font attendre – et arrivent comme au moment où le cœur est prêt à les recevoir.
Bini Dang, c’est dans ce quartier de N’Gaoundéré, que se trouve le noviciat des Filles de Jésus : une grande maison, qui avait pour vocation initiale d’être la maison provinciale de la communauté, mais avec les infrastructures routières – l’accès
du noviciat relève d’une prouesse ! - , la maison ne sera jamais utilisée comme telle, mais comme lieu d’accueil et de formation pour les jeunes novices souhaitant devenir religieuses et consacrer leur vie à suivre le Christ. Le noviciat est en plein quartier universitaire : tout autour de la propriété, de nombreuses mini-cités accueillent les étudiants de N’Gaoundéré – des blocs de chambres, avec plus ou moins de commodité – il faut compter près de 80.000 CFA de loyer pour un 3 ou 4 m² et ajouter quelques milliers de CFA pour avoir l’eau et l’électr
icité dans la chambre. La rentrée se fait début octobre et pour le moment le quartier est plutôt calme! C’est une grande propriété : avec 3 bâtiments, un grand jardin tout autour et un caribou au centre faisant office de chapelle. On pourrait trouver le lieu bien trop grand pour les 11 personnes qui y vivent – et pourtant il y a tellement de vie que finalement l’espace est comblé. Tout autour, le jardin entretenu avec soin accueille de multiples variétés : le corossolier, l’avocatier, le pamplemoussier, le flamboyant, le bec de perroquet,
les fraisiers, les aubergines, les cactus, les lauriers, les épinards, … en cette saison, tout est vert et la récolte est abondante, au grand bonheur des estomacs. Tant de plantes, de fleurs, d’arbres différents, venus d’un peu partout à l’image de cette communauté aux couleurs du monde.. Chaque plante trouve sa place et fleurit au gré des saisons : même déracinée de leur pays d’origine, dans cette terre fertile, chaque pousse s’élève dignement de terre.
En sillonnant le jardin, je ne pouvais m’empêcher de le comparer à la vie qui rayonne dans cette communauté grâce à l’engagement des formatrices : Micheline, Marie-Claude et Jeannine qui accompagnent le groupe de jeunes novices. Solange, Pauline, Valentine et Clarisse sont arrivées du Congo et sont là pour la deuxième année. A la fin de cette année, elles devraient prononcer leurs vœux. En attendant de terminer le parcours de formation, elles initient les nouvelles venues aux joies des tâches de la vie communautaire – la répartition se fait en binôme : cuisine, buanderie, prière et jardin. De quoi occuper chacune à tour de rôle, favoriser l’implication de toutes dans la vie quotidienne et assurer l’organisation et la gestion des communautés africaines lorsque les sœurs françaises ne pourront plus être là ! Parmi les nouvelles venues : Niên, vietnamienne ; Agnès qui vient de RCI, Hortense du Bénin et Adolphine de RDC. Après une année de postulat, elles ont toutes souhaité poursuivre leur formation, où la vie communautaire prend une large place : apprendre à vivre et devenir ensemble. Chacune s’efforce d’avancer pas à pas dans la foi, aidée par la prière et la bienveillance de l’autre. Dans ce lieu, chaque saison est marqué par l’arrivée d’une nouvelle « promotion »..
Tous les ans, les formatrices accompagne les novices pour les initier aux règles de la communauté, d’année en année, les sœurs transmettent leur foi et les novices se laissent façonner par l’esprit de la maison et contribuent aussi à lui donner une âme, leur touche personnelle, leur voix, leurs rires. On sent un réel lien de fraternité et un esprit de gratuité dans la maison... et tandis que leurs caractères restent le même avec leurs charmes et leurs aspérités, elles parviennent toutes à s’écouter, à travailler ensemble.. Un week end très ressourçant entre les temps de prière communautaire, les fous rires de Micheline, les échanges autour de mon travail ici, les discussions sur le parcours des jeunes novices, leur histoire avant d’arriver ici, la fête pour les anniversaires d’Agnès et de Solange, les activités broderie, tressage de nattes, la cuisine.. j’ai appris à frire le plantain, faire des yaourts, râper le Ndolic, .. des choses toutes simples mais c’est à travers ça que ce fait la rencontre, non ? et je suis repartie avec des pamplemousses et des yaourts..
La joie de les voir cuisiner ensemble,
de partager un repas avec elles, la simplicité dans les relations,
un profond respect face à leurs formatrices,
une envie de progresser, de faire de son mieux,
leurs prières pas différentes des autres, mais dans ce caribou leurs voix sonnent justes et se complètent gracieusement...
Les regarder en silence vivre ensemble et les voir chacune trouver leur place, c’était le cadeau du week end.. rencontre que je prolongerai cette année avec joie.