Good Morning Madam, Discipline, hard work and success

Publié le 12 novembre 2010 par dcc-sandrineaucameroun.over-blog.com

Voilà plus de deux mois que j’ai pris mes fonctions dans l’école bilingue - pour ne pas dire anglophone - Sainte Anne de Marza. La responsable du centre Yves Plumey, Sœur Nicole souhaitait que j’accompagne le directeur, enseignant de la classe de CM1 dans ses fonctions de direction et qu’avec mon expérience d’enseignante, d’animatrice et de directrice je l’aide dans la gestion de l’école. Quand je suis arrivée le directeur m’a dit qu’il souhaitait se concentrer entièrement à sa classe cette année et j’ai donc été nommée Head Mistress sans laisser place à la moindre négociation.

Depuis la rentrée, les journées défilent sans se ressembler… et peu à peu je prends mes marques dans la gestion administrative, financière, dans la gestion du personnel et l’accompagnement pédagogique et dans les relations avec le SEDUC et l’Inspection.. et j’y prends goût. Le matin, j’arrive à 7h20 pour le rassemblement de toutes les classes : levée du drapeau et entonnaison de l’hymne national du Cameroun en anglais, s’il vous plait ! Puis ensemble nous prions pour la journée qui commence, pour que chacun ait le souci de bien apprendre, de bien se comporter, d’écouter le maître et que Dieu nous accompagne tout le jour.

Avec les enseignants, nous sillonnons dans les rangs pour contrôler les tenues, les cheveux, les mains aussi. Un salut, quelques encouragements, quelques étirements, des félicitations et la classe commence. Les enfants vont dans leur classe respective sous le regard de l’équipe enseignante. On commence alors par vider, laver et remplir les seaux d’eau pour que les enfants puissent se désaltérer pendant la journée… chacun s’installe, et c’est parti !

Généralement, je prends la demi-journée au bureau pour recevoir les parents, finaliser les dossiers d’inscriptions des élèves et reprendre leurs bulletins scolaires, suivre les comptes, saisir les dépenses et les recettes de l’école. Il y a toujours quelque chose à taper à l’ordinateur : les devoirs de fin de période, les rapports de séquence pour l’Inspection d’Académie, ou le SEDUC - les enseignants ne se savent pas se servir de l’ordinateur.. mais je souhaite bien leur apprendre à faire au moins du traitement de texte.. on s’y met doucement. Toutes ces tâches me font comprendre qu’il serait justifié d’embaucher un secrétaire, mais pour le moment il n’en ait pas question. Il y a un gros travail de rangement, de classement de dossiers.. et souvent j’ai de grosses frayeurs avec l’ordinateur. L’école est au bout de la ligne d’électricité, il y a souvent des sous- et des surtensions.. et donc des coupures inopinées !

Ces premiers mois d’école, il a fallu jongler entre les enfants qui ont leur matériel scolaire et ceux qui n’en ont pas... j’ai circulé dans les classes et puis à peu à peu, après avoir évalué la situation des familles, nous avons distribué le minimum à chacun : cartable, crayon, cahiers quand c’était nécessaire .. Tout ça grâce aux fournitures données par la Fondation Chantal Biya, ou des donateurs français : les amis qui m’ont aidée à remplir ma valise avant de partir, la ville de Rennes, la Banque Populaire et les appels aux dons de ma tante. Enfin … Pour ne pas tomber dans l’assistanat, on essaye de donner à chaque fois en contrepartie d’un petit geste financier : même 25 centimes, c’est déjà ça – c’est surtout faire comprendre qu’on n’a rien sans rien !

Depuis la rentrée, nous avons aussi essayé de mettre en place un protocole pour les enfants malades… particulièrement en cette période de changement de saison : pas une semaine ne passe sans qu’un enfant ne soit malade ! Au départ, les enseignants défilaient avec les enfants malades au centre de santé, laissant le reste de la classe sans surveillance. Quand certains arrivent grelotant ou fiévreux, ils passent d’abord au bureau. La plupart des enfants arrivent de la brousse après avoir marché pendant 20 à 50 minutes dans la fraîcheur du matin.. et avant de les conduire au centre de santé, où l’infirmière leur administre une dose de quinine, j’essaie de creuser le diagnostic car pour certaines familles, les premiers soins c’est déjà le petit déjeuner.. Et je rage quand je vois un enfant se tordre de douleurs d’estomac tellement il a faim !! Difficile de sensibiliser toutes les familles à l’importance d’une bonne nutrition : ils comptent sur l’école et sur le centre de santé pour prendre le relais ! Je serai tentée de leur acheter chaque matin un morceau de pain, mais c’est un cercle vicieux : si je commence à donner à un, pourquoi ne pas donner à tous ! C’est à s’arracher les cheveux ! Et cette sempiternelle question : jusqu’où aider ?

Avec les enseignants, c’est un tout autre travail.. et parfois j’ai l’impression d’être sur une autre planète : à me demander pourquoi il y a des emplois du temps et des horaires, puisque de toute façon ils n’ont pas de montre. En ce moment, j’essaie de leur faire comprendre qu’il faut préparer les cours.. Ils ont désormais tous un cahier et je jette un œil sur leur préparation régulièrement. Je passe aussi dans les classes et nous essayons de reprendre ensemble les points positifs et ceux à améliorer. C’est souvent un échange riche pour l’un comme pour l’autre… vu que parfois je dois m’improviser enseignante en SIL ou comme professeur de français quand les enseignants sont malades, je suis confrontée aux mêmes difficultés qu’eux avec une en plus : tous les cours sont en anglais ... et je suis meilleure en allemand !!

Et puis j’ai aussi chaque jour de belles surprises : des enfants qui se lèvent pour prendre la parole ; des enseignants de plus en plus ponctuels et toujours volontaires, je les trouve ingénieux et avec un sens beaucoup plus pratique que moi parfois ; la chorale de l’école qui anime quelques chants chaque dimanche à la paroisse ; des enfants curieux de comprendre ; des sourires sur leurs visages toujours et encore.. comme si ce peu qu’ils peuvent offrir ils le donnent sans compter...